Discuter le consentement concomitant est possible lorsque des hormones de stress, adrénaline et cortisol pour l’essentiel, court-circuitent les défenses psychologiques d’une victime sous l’effet de la surprise, du stress ou de la terreur. Dans ce cas, l’enfant, sidéré, semble ne pas s’être défendu, et un enquêteur ou un juge non averti pourrait supposer qu’il a consenti à l’agression sexuelle qu’il a subie.
Parfois, un mineur qui a subi des violences sexuelles a tendance à fuguer, consommer des stupéfiants, se prostituer, multiplier les expériences sexuelles ou encore à s’exposer ou à subir d’autres agressions sexuelles, la ou le faisant passer non pas pour une victime mais pour un sujet problématique, blâmable.
Mais le plus souvent, les violences sexuelles impliquant les mineurs se mettent en place progressivement dans le huis clos familial, par des manipulations psychologiques, des promesses, des mensonges, des caresses, une mise sous emprise progressive, par un proche dans l’immense majorité des cas. Summit [1], par exemple, décrit un Syndrome d’accommodation qui se déroule en 7 phases : 1) la phase de laisser-faire confiant : ludique, plaisante, stimulante ; 2) la phase de perplexité avec un vague sentiment d’anormalité, car l’enfant ressent des sensations qu’il n’a pas la maturité physiologique et psychologique de supporter mais qu’il n’ose pas dénoncer pour ne pas déplaire à l’agresseur ; 3) la phase de secret partagé, imposée par toutes sortes de stratégies perverses par le majeur ; 4) la phase d’impuissance où le mineur est pris dans un conflit entre le rejet des actes qu’il subit et l’affection qu’il porte à l’agresseur ; 5) la phase de coping ou l’enfant apprend à faire face pour « survivre ; 6) La phase de révélation, en générale tardive et douloureuse ; 7) la phase de rétractation devant les conséquences familiales, sociales et judiciaires du dévoilement.
Ces 7 phases schématiques, parfois incomplètes, donnent volontiers l’impression que l’enfant consent, à tel point que dans les années 1980, des psychiatres français parlaient d’incestes amoureux, par exemple.
Les juristes, confrontés à ces situations, ne trouvent pas les éléments constitutifs de l’infraction que sont la menace et bien souvent la violence, quand pour les psy, la contrainte morale est constante, ce qu’ils pourraient décrire dans les expertises qu’ils réalisent pour éclairer les juges qui les missionnent.